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Maurice Denis, Emile Bernard, Paul Serusier...
"L'âge d'or de la peinture en Bretagne "


"La Bretagne a attiré les écrivains au 18è et au début du 19è siècle, ensuite sont venus les peintres qui avaient à coeur de retrouver leur démarche"

Marie-Françoise Le Saux
conservateur du musée des Beaux-Arts

Musée des Beaux-Arts de Vannes (Morbihan).
Tél : 00 33 2.97.47.35.86.
du 23 juin au 28 octobre 2001

70 toiles de 32 peintres.

Une approche de 70 ans de peinture bretonne (1880-1950), de Maurice Denis à Paul Serusier.

Certaines des toiles se rattachent à l'école de Pont-Aven (des "Bretonnes" d'Emile Bernard, un "Amas de rochers" quasi abstrait de Charles Filiger),

beaucoup d'autres à l'impressionnisme.

A PONT - AVEN

En 1886, Paul Gauguin, à court d'argent, se réfugie dans un petit village de Bretagne, Pont-Aven.

Très vite, se regrouperent en ce lieu et autour de lui des artistes soucieux d'opposer un style nouveau à l'analyse impressionniste. Cela ne pouvait s'appeler que synthétisme. Il s'agit de restituer sa place à la vie de l'esprit : une synthèse mentale opposée à l'analyse scientifique des impressionnistes.


Pierre-Eugène CLAIRIN, L'Atelier de Gauguin
à Pont-Aven, 1959, Musée de Quimper.


La filiation de Pont-Aven va féconder plusieurs générations de peintres avec une nouvelle perception de la couleur.


Promenade chez les NABIS

Transcription de l'hébreu, attribuée par le poète Henri Cazalis (Jean Lahor), cette dénomination fut adoptée en 1888-89 par un petit groupe d'artistes francais qui avaient en commun une fervente admiration pour Gauguin. Ils avaient pour non Maurice Denis, Bonnard et Serusier.

Ne garder du motif que l'essentiel, remplacer l'image par le symbole, substituer à la représentation de la nature l'interprétation d'une idée...

"L'art est avant tout un moyen d'expression, une création de notre esprit dont la nature n'est que l'occasion."
Maurice Denis.

Il faut exalter la couleur pure et simplifier la forme. C'est là une réaction contre les impressionnistes jugés trop fidèles à la nature par Gauguin qui les avait d'abord suivis. Furent réintroduits, dans la peinture moderne, les dimensions religieuses ou mythiques qui avaient disparu avec l'impressionnisme. Ce mouvement se disloca en 1899.

Si son influence s'exerca surtout dans une série de techniques décoratives (affiche, gravure, décor de théâtre, illustration de livres...), ils eurent surtout le mérite d'avoir pressenti la grandeur de personnalités aussi singulières que Van Gogh, Cézanne, Odilon Redon, comme celle de Stéphane Mallarmé en littérature.


         
Maurice DENIS, Bretonne dans une barque,
vers 1891-92, Musée de Quimper.

Maurice Denis (1870-1943)

L'un des artistes principaux et théoricien du mouvement symboliste. L'attitude quasi-mystique des Nabis était en parfaite conformité avec sa nature religieuse. Après un voyage en Italie il fut profondément influencé par les fresques des peintres des 14e et 15e siècles.

La peinture..."une surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées".


Emile BERNARD,
Portrait de Marie-Jeanne Gloannec, vers 1898.


    Emile Bernard (1868-1941)

    Jeune homme d'origine modeste, peintre au talent précoce et bon catholique, compagnon de Gauguin, il se lia d'amitié avec Van Gogh et Lautrec. C'est en 1886 qu'il fit la connaissance de Gauguin à Pont-Aven.

    En 1888 - il a vingt ans, Gauguin en a quarante et est bouleversé par son tableau "Les Bretonnes dans la prairie verte". Il lui demande de travailler avec lui et compose aussitôt sa "Vision après le sermon", tandis que Van Gogh copie, a la gouache, ce qui peut être considéré conmme le manifeste de Pont-Aven.

Par la suite, Gauguin étant follement amoureux de la soeur d'Emile Bernard, leurs rencontres se firent fréquentes. En 1889, Emile Bernard provoqua la fameuse rencontre de Gauguin et de Serusier.

Il crée une nouvelle esthétique - le cloisonnisme ou synthétisme - que le génie de Gauguin exploite. Il préconise un traitement plus autonome de la couleur, qui doit être appliquée par plans et les divers plans cloisonnés d'un certain noir comme dans les vitrails.

En 1892, rupture avec Gauguin et avec le groupe de Pont-Aven.

Comme pour Gauguin, partir c'est changer d'air, éviter d'être mangé par Paris où il sent qu'il ne peut rien faire de grand. Emile Bernard part en 1893 vers de nouveaux cieux : l'Italie et l'Orient l'attirent.

Pour Emile Bernard, le contact avec l'Orient est profondément émotionnel. Il ne visite pas l'Orient, il se fond en lui; il ne traverse pas l'Egypte, il y vit. Et c'est en Egypte qu'il se découvre un véritable talent d'aquarelliste.

L'influence de Pont-Aven se retrouve dans l'utilisation de couleurs pures et complémentaires, dans les masses bien définies, dans le télescopage des plans. L'influence de l'Orient, c'est d'abord dans le traitement de la lumière qu'elle s'exerce, dans des harmonies plus chaudes et vibrantes, aussi dans une sorte de préciosite et de raffinement.


    Emile BERNARD, Les porteuses d'eau, 1893.

Au retour d'Egypte, en 1904, il s'arrête à Aix avec sa femme et ses deux enfants pour rencontrer Cézanne. Il est un admirateur fervent du vieux maître auquel il a consacré un article dès 1892, douze ans avant de faire sa connaissance. Cézanne lui écrit plusieurs lettres d'un intérêt capital.



Paul SERUSIER, Le Pardon de Notre-
Dame-de-Portes à Châteauneuf du Faou, 1894.

      Paul Sérusier (1863-1927)


      Il fut la charnière, le trait d'union du groupe de Pont-Aven. Sa rencontre avec Gauguin devait rester célèbre puisque d'elle est sorti le fameux Talisman du Bois d'Amour (Musée d'Orsay). Gauguin l'emmena peindre sur le motif. Sérusier exécuta un paysage sur le couvercle d'une boîte de cigares.

      Renchérissant sur les principes déjà mis au point à Pont-Aven par Emile Bernard et Paul Gauguin, Sérusier en accusera vite le mysticisme.

      En 1891, Gauguin part pour Tahiti, Sérusier reste dès lors en Bretagne et se tourne vers les maîtres du passé.

    Charles Filiger (1863-1928)


    "Il ne se doit qu'aux Byzantins et aux images populaires de Bretagne"

    Paul Sérusier.

    Il a pu être considéré comme un précurseur marginal du surréalisme.


      Charles FILIGER,
      Paysage du Pouldu, 1890.


    Maxime Maufra (1861-1918)

    En 1889, Maxime Maufra abandonne les affaires pour se consacrer entièrement à la peinture. La même année, par hasard, il rencontre à Pont-Aven Gauguin, Sérusier et Filiger.
     

    Maxime MAUFRA, Vue du port de Pont-Aven, 1894,
    Musée de Quimper.

      Maufra, attiré par l'impressionnisme, entend, lors de cette rencontre, parler de couleurs pures. Il adopte le synthétisme et, durant les deux, trois années où il séjourne à Pont-Aven (1891-1893), puis au Pouldu, réalise des oeuvres remarquables.

    Gauguin visite son atelier en novembre 1893 à son retour d'Océanie et les deux artistes deviennent amis. A partir de 1898, la facture de Maufra devient plus strictement impressionniste.


    Du 6 juin au 20 octobre 2001
    Musée Maillol - 61, rue de Grenelle 75007 Paris -
    Tél. : 00 33 1 42 22 59 58
    e mail : contact@museemaillol.com


    Aristide Maillol, peintre
    (1861 - 1944).

    Aristide Maillol, L'été, 1910, h.162,5cm.

      Aristide Maillol ne fut pas seulement sculpteur, mais un artiste qui a fortement annoncé la modernité, déjà à l'époque des Impressionnistes. Il débuta son oeuvre picturale par une période nabi (1890-1900) en rejoignant le groupe "Les Prophètes" où il fit la connaissance de Maurice Denis, Edouard Vuillard et Pierre Bonnard. C'est surtout Gauguin qui - en plein coeur du symbolisme - l'influença et lui permit de trouver, dès l'année 1894, le sujet de ses peintures : le corps féminin.


      Aristide Maillol, Nu debout, sanguine monogrammée.


    Femme nue en berceau, lithographie.


    Le très singulier Félix Vallotton (1865-1925)

     

    Musée Cantini - 19, rue Grignan - 13006 Marseille Tél : 04 91 54 77 75 -
    Exposition organisée par la RMN.
    Jusqu'au 10 septembre 2001.

    Natures mortes, paysages, nus, portraits, scènes de rues et de parcs, baigneuses et intérieurs...malgré le choix de ses sujets, Félix Vallotton est - au début du XXe siècle - un artiste en marge des mouvements de l'époque.
    Peintre et graveur d'origine suisse, Felix Vallotton fut influencé par le groupe des Nabis dont la fréquentation (il devient le "nabi étranger") l'amène, après 1890, à un art puissant et original.
    La suite de ses gravures sur bois, entre 1890 et 1900, marque, avec celles de Gauguin et de Munch, une date importante dans l'histoire de cette technique (La Manifestation , 1893; L'Exécution , 1894).

    Felix Vallotton envoie, en 1893, au Salon des Indépendants, son Bain un soir d'été, fort mal vu par la critique, déconcertée par le mélange d'impudeur et d'ironie de ces nombreux corps féminins disposés sur la toile comme des notes sur une partition. Bain au soir d'été  (1892, musée de Zurich) n'est pas sans évoquer le Douanier Rousseau, que Vallotton admirait, et s'affiche comme un pastiche assez ironique et provoquant de Puvis de Chavannes.

    Quant à sa peinture, si elle doit techniquement beaucoup à l'esthétique des nabis, elle s'écarte assez vite de leurs sources d'inspiration. Après diverses influences passagères, son art s'oriente de plus en plus vers un réalisme minutieux où perce le plus souvent un regard aigu et sarcastique (Baignade à Étretat , 1899).

    L'étrangeté de son œuvre s'accentue après 1904: il peint de grandes mythologies (L'Enlèvement d'Europe , 1908, musée de Berne) ou des scènes familières (Le Sommeil , 1908, musée de Genève) placées dans une lumière crue, avec des couleurs agressives et un décor dépouillé jusqu'à l'insoutenable; on discerne la même tendance dans les paysages où les cadrages des nabis et la pauvreté de la matière servent désormais à souligner des atmosphères insolites, voire inquiétantes (Cagnes , 1920).


    Felix Vallotton, Le bain au soir d'été (détail), 1889.

    Par là Vallotton, dont l'œuvre littéraire est aussi du plus grand intérêt (Corbehaut , La Vie meurtrière , livres posthumes) a conduit l'art symboliste au seuil du surréalisme ou du nouveau réalisme germanique.

    Si ses gravures - en tant que témoins des années 1900 - ont fait l'unanimité, les apports de sa peinture furent reconnus après sa mort en décembre 1925.


    Felix Vallotton, Nu a la cape, 1914.

    Echo

    ANDRE GIDE (1869 - 1951) au Pouldu...

    Comme je quittais le littoral, remontant à courtes étapes de Quiberon à Quimper, j'arrivai, certaine fin de jour, dans un petit village : le Pouldu, si je ne fais erreur. Ce village ne se composait que de quatre maisons, dont deux auberges ; la plus modeste me parut la plus plaisante ; où j'entrai, car j'avais grand-soif. Une servante m'introduisit dans une salle crépie à la chaux, où elle m'abandonna en face d'un verre de cidre. La rareté des meubles et l'absence de tentures laissaient remarquer d'autant mieux, rangées à terre, un assez grand nombre de toiles et de chassis de peintre, face au mur.

    Je ne fus pas plutôt seul que je courus à ces toiles ; l'une après l'autre, je les retournai, les contemplai avec une stupéfaction grandissante ; il me parut qu'il n'y avait là que d'enfantins bariolages, mais aux tons si vifs, si particuliers, si joyeux que je ne songeai plus à repartir. Je souhaitai connaître les artistes capables de ces amusantes folies ; j'abandonnai mon premier projet de gagner Hennebon ce même soir, retins une chambre dans l'auberge, et m'informai de l'heure du dîner.

    - Voudriez-vous qu'on vous serve à part? Ou si vous mangerez dans la même salle que ces Messieurs? demanda la servante.

    "Ces Messieurs" étaient les auteurs de ces toiles ; ils étaient trois, qui s'amenèrent bientôt, avec boîtes à couleurs et chevalets. Il va sans dire que j'avais demandé qu'on me servît avec eux, si toutefois cela ne les dérangeait pas. Ils montrèrent de reste que je je ne les gênais guère ; c'est-à-dire qu'ils ne se gênèrent point. Ils étaient tous trois pieds nus, débraillés superbement, au verbe sonore. Et, durant tout le dîner, je demeurai pantelant, gobant leurs propos, tourmenté du désir de leur parler, de me faire connaître, de les connaître, et de dire à ce grand à l'oeil clair, que ce motif qu'il chantait à tue tête et que les autres reprenaient en choeur, n'était pas de Massenet, comme il croyait, mais de Bizet...

    Je retrouvai l'un d'eux, plus tard, chez Mallarmé : c'était Gauguin. L'autre était Sérusier. Je n'ai pu identifier le troisième (Filiger je crois).